L’ombre et la Lumière

Benoit Parent
4 min readAug 16, 2021

Tel un acteur sur le plateau de tournage, j’ai joué plusieurs rôles et participé à différentes scènes sur la terre plate d’une planète circulaire collée sur l’immense tableau d’un Univers peuplé d’étoiles et de mondes à découvrir. Bref, c’est ce que les scientifiques et mes éducateurs ont voulu me faire croire à l’intérieur des quatre murs de leur programme scolaire. Le plateau de tournage a bien été ‟ma vieʺ que je pourrais vous dépeindre comme un tableau triste et sombre. Enfant, j’avais déjà la mine triste comme un petit bébé ayant perdu sa mère ; c’est que je voyais ce monde comme un puits profond ou des milliards de gens était tombé, courant ici et là à la recherche du bonheur oubliant qu’ils avaient chuté ‟en basʺ, loin de la lumière ‟d’en hautʺ. Adolescent, une flamme intérieure s’est allumée en moi, laissant place à la colère ; cette flamme s’attisait par la pression sociale, les médias et le zèle de mes éducateurs qui voulurent tisser leurs toiles par force ou par amour comme pour m’enrober dans un immense cocon d’idées et d’idéaux venant supposément de civilisations brillantes et de personnages illustres tous morts et emportés dans les sables du temps. Il était clair pour moi que ce conditionnement m’empêchait de remonter à cette surface lumineuse hors du puits duquel j’étais tombé. Je savais que j’étais pris au piège et que je jouais en silence le rôle d’une victime parmi tant d’autres, bien conditionné je participais à une machination infernale que je ne savais décrire et cela me rendait malade au point que ma colère s’enflammait de plus en plus. Je me sentais comme un étranger incompris au beau milieu d’une marée humaine. Le spectacle des gens vivant selon leurs passions, les façons de vivre apprise -conventionnel ou rebelle- et même ma propre vie me dégoutaient au plus haut point. À 16 ans seulement j’avais déjà des idées suicidaires, mais mes tentatives ayant échoués, comme si une Main me retenait je continuais à marcher sur cette terre plate. Ayant donc connu l’abysse profond de la tristesse et du désespoir j’y remontai avec des perles précieuses comme si une Main me guidait dans les profondeurs de moi-même pour que je tâtonne aux bons endroits dans les sables invisibles d’un paysage de noirceur au fond de nulle part. Lorsque je suis devenu jeune adulte j’essayais donc de me faire un portrait, comme un paysage, avec les perles trouvées dans l’abysse de moi-même pour essayer de me faire une idée du Mal qui m’enveloppait et aussi de la raison à laquelle nous devions travailler toute ‟notre vieʺ pour gagner de l’argent au prix de celle-ci pour s’acheter des rêves et des futilités. Je n’avais jamais ouvert une Bible ni fait la lecture de l’Évangile, mais j’avais la certitude qu’un Être régissait tout ce que nous voyons, je l’appelais La Source et je cherchais à le connaître. J’entrepris donc de lire des livres sur la spiritualité, la magie, les anges, en ayant l’espoir de pouvoir m’approcher de cette Source. Mes efforts ne portèrent pas fruit jusqu’aux jours ou sombrant encore dans la dépression j’eus cette idée farfelue : Et si je n’avais pas d’être, pas de personnalité, si je me débarrassais de tout cela, ne serait-ce pas cela le secret du bonheur ? Je savais que je venais de trouver une clé, mais je devais trouver la Porte. Je devais trouver La Source pour enfin avoir l’esprit clair sur cette prise de conscience. En effet, je venais de comprendre quelque chose de majeur dans ma mystérieuse quête à savoir que les passions de tout le monde viennent justement de leur ‟moiʺ et que si nous abolissions notre ‟moiʺ cela serait le remède au Mal qui nous afflige. Je venais à coup sûr de comprendre le Mal, mais il me fallait rencontrer la Source pour me confirmer cette révélation. Je continuai donc de marcher sur cette terre plate comme un étranger dans une marée humaine, sombrant un peu dans la folie et l’extase, ma flamme intérieure s’apaisa un peu. En continuant toujours mes recherches je rencontrai des gens qui comme moi cherchait Dieu disaient-ils jusqu’au jour où une amie chrétienne me recommanda la lecture d’une explication de textes inspirés de la Bible sur Internet… Ce jour-là, dans la Nuée je fis la rencontre de Zorobabel, le cocon m’isolant du Réel pendant toutes ces années éclata et je vis la Réalité telle quelle nous devons la voir, en dehors des mots, des idées, des préceptes : Il n’y avait qu’une lumière infinie sans limite ni définition. J’avais enfin trouvé Celui qui ouvrit le trésor de l’Inexprimable.

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